Les enquêteurs de Laval recherchent un utilisateur de TikTok potentiellement dangereux

Estimated read time 4 min read

Un commentaire haineux dans lequel un utilisateur dit «prier» pour revivre une deuxième tuerie de Polytechnique publié sous la vidéo TikTok d’une avocate a forcé la police de Laval à ouvrir une enquête afin de trouver l’internaute en question.

Depuis bientôt trois ans, Me Chanel Alepin produit du contenu principalement éducatif sur la page TikTok du cabinet Alepin Gauthier Avocats, où elle est associée. Celle qui se présente comme «ta grande sœur avocate» y aborde notamment des sujets comme la violence conjugale, le consentement ou la cyberpédophilie.

Jeudi matin, Me Alepin a publié une courte vidéo dans laquelle elle posait la question suivante: «Les femmes sont jugées trop émotives au travail, mais qui crient lorsqu’on n’est pas d’accord avec leur point?»

Ce à quoi un utilisateur anonyme du nom de «Poueblo» a répondu que les femmes étaient toutes, sans exception, «un osti de paquet de problème».

L’avocate lui a alors renvoyé un cœur, en écrivant «ça va être correct».

Poueblo a renchéri en publiant un commentaire d’une grande violence, en référence au féminicide de masse survenu à l’École polytechnique en 1989.

«Jamais, je prie pour un remake du 6 décembre», a écrit l’internaute anonyme.

Une première

Chanel Alepin a immédiatement réalisé l’ampleur et la gravité de ce qu’on venait de lui écrire. Bien qu’elle soit habituée à recevoir à l’occasion des commentaires désobligeants, c’était la première fois qu’elle était confrontée à des propos aussi troublants.

«Je suis tombée en bas de ma chaise, dit-elle, en entrevue avec Le Journal. Je ne pouvais pas croire que quelqu’un utilise un compte TikTok pour faire référence à un événement aussi tragique de l’histoire du Québec et de l’histoire des femmes.»

Rappelons que le 6 décembre 1989, le tueur Marc Lépine a fait irruption dans l’établissement scolaire montréalais et a ouvert le feu sur de nombreuses personnes. Le sombre bilan a fait état de 14 morts et 13 blessés. L’assassin, qui disait combattre le féminisme, a visé principalement des femmes.

«C’est toujours possible de retracer les auteurs»

Vendredi, la police de Laval a confirmé avoir pris connaissance du commentaire sur la page TikTok de Me Alepin et avoir ouvert une enquête criminelle.

«Même si c’est fait en ligne, même si c’est un compte anonyme, même si la personne supprime son commentaire: c’est toujours possible de retracer les auteurs, dit l’agente Stéphanie Beshara, porte-parole de la police. C’est important de mettre en garde les gens que ça peut être criminel et qu’on ne peut pas écrire n’importe quoi.»

Pour le moment, aucune arrestation n’a été effectuée, confirment les autorités. Comme le compte, désormais supprimé, était plutôt anonyme, il n’est pour l’instant pas possible de savoir qui se cache derrière. Des techniques d’enquête, notamment pour retracer l’adresse IP, seront utilisées afin de remonter jusqu’à l’individu.

Chanel Alepin a confiance au système de justice et se réjouit de constater que l’incitation publique à la haine soit prise au sérieux par les policiers.

«J’espère que c’est un message à tous que la liberté d’expression et les commentaires désobligeants s’arrêtent là où ça devient criminel», conclut l’avocate, qui entend continuer d’informer le public sur diverses notions de droit sur les réseaux sociaux.

Avec Mathieu Boulay.

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l’adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.


#Les #enquêteurs #Laval #recherchent #utilisateur #TikTok #potentiellement #dangereux

You May Also Like

More From Author

+ There are no comments

Add yours