Ça grenouille à Radio-Canada | Le Journal de Montréal

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Sans doute frustrée que son mandat de PDG de CBC/Radio-Canada n’ait été prolongé que de 18 mois (il se termine en janvier prochain), Catherine Tait fait du zèle.

C’est ainsi que j’interprète le grenouillage dont elle est la cause et qui indispose Pascale St-Onge, la ministre du Patrimoine, au moment où celle-ci s’affaire à assurer la survie des deux réseaux de notre télé publique et la pérennité de leur financement.

Avec la complicité de Marco Dubé, ex-journaliste franco-ontarien élevé, l’an dernier, au poste ronflant de «chef de la transformation et vice-président principal, Personnes et Culture», la PDG a lancé une «conversation» sur l’avenir du diffuseur public. Le conseil d’administration lui aurait, semble-t-il, demandé une «réflexion» sur la façon dont le diffuseur pourrait poursuivre sa transition vers le numérique.

ON FAIT APPEL À DES «EXPERTS»

Pour répondre à ce qui est sûrement l’une des premières demandes conséquentes de toute l’existence du Conseil, la PDG et son sbire ont fait appel à Deloitte Belgique pour les aider à réaliser la transition numérique. Étrangement, nulle part dans sa promotion et sa publicité la fiduciaire belge de Deloitte ne fait mention d’une expertise particulière en la matière, mais Deloitte Belgique connaît bien la relation entre les deux réseaux publics du «plat pays» de Jacques Brel.

Je la connais aussi ayant participé comme auteur et producteur – et même comme animateur invité avec Joël LeBigot – à des émissions de la RTBF (la Radio-télévision belge de la Communauté française). Tout le personnel de Radio-Canada sauterait de joie s’il existait entre nos deux réseaux la même muraille qui sépare la RTBF de la VRT (Vlaamse Radio-en Television), le diffuseur public en langue néerlandaise.

Ces deux chaînes ont vu le jour en Belgique dès le début de la télévision en 1953. Il n’y eut jamais aucun échange entre elles. Ni de personnel ni d’émissions. Ironiquement, il y a toujours eu des échanges entre la RTBF et Radio-Canada!

Chez nous, CBFT fut d’abord une station bilingue afin «d’arranger» les anglophones. Grâce à ce bilinguisme temporaire du canal 2, les anglophones de la région métropolitaine ont pu voir des émissions dans leur langue jusqu’au parachèvement du lien hertzien entre Toronto et Montréal en 1953.

Radio-Canada a toujours diffusé quelques émissions bilingues. Lors de la fête du Canada, par exemple, ou lors d’occasions spéciales. Quelques séries québécoises ont été adaptées au réseau anglais et vice-versa, mais ce fut toujours sans enthousiasme.

OUTIL DE COHÉSION LINGUISTIQUE

En Belgique, la VRT s’avère un extraordinaire outil de cohésion linguistique pour toute la Flandre, comme Radio-Canada joue un rôle indispensable à l’identité québécoise, en plus de contribuer à la survie du français hors Québec.

La RTBF et la VRT sont deux réseaux si étanches que les Belges prétendent avec humour qu’ils vivent dans un pays «où il y a deux démocraties et deux opinions publiques»! Si c’est le résultat auquel on en arrive grâce à l’aide de Deloitte Belgique, peu de Québécois ne s’en plaindront et sûrement aucun de ceux qui travaillent à Radio-Canada. Sauf Catherine et Marco!


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