C’est toujours la faute des immigrants

Estimated read time 3 min read

Contrairement à la fin de la session parlementaire de l’automne, le premier ministre Legault a enfin accordé l’entrevue traditionnelle de fin de session. Cette fois-ci, motivé par un bilan relativement positif, il s’est plié à la rencontre des principaux médias, notamment en accordant une entrevue à notre collègue Paul Larocque.

Obsession

Que faut-il retenir des propos du premier ministre? Que son obsession n’est ni la santé, ni l’éducation, mais bien l’immigration. Selon lui, c’est la cause de tous nos problèmes, tous nos défis, tous nos échecs.

Comme si avant la vague d’immigration massive, tout allait bien. Évidemment, ce n’est pas vrai. Je le sais, vous le savez et surtout le premier ministre le sait.

L’arrivée d’un nombre important de demandeurs d’asile est effectivement un facteur à prendre en compte pour la pression exercée et continue sur nos services publics. C’est indéniable. Mais ce n’est pas le seul facteur. Entre la pénurie de main-d’œuvre, qui ne peut évidemment pas être attribuée aux immigrants, l’indifférence des différents gouvernements québécois face à une crise du logement qui se profile à l’horizon et les problèmes persistants dans notre système de santé, le gouvernement a sa part de responsabilité, lui personnellement.

Même si nous réduisions de moitié le nombre d’immigrants temporaires, comme le demande le premier ministre, les problèmes resteraient les mêmes. Il est légitime de se demander si nous ne devrions pas simplement suspendre l’arrivée de tout nouvel immigrant pour les 10 prochaines années, afin que M. Legault cesse de se cacher derrière l’immigration pour justifier l’inaction de son gouvernement et puisse trouver une autre raison, peut-être moins polarisante.

Un problème de forme

Le problème du discours du premier ministre Legault n’est pas le fond, mais la forme. Il a le don, ou est-ce une volonté manifeste, d’opposer les intérêts du Québec à l’immigration plutôt que d’expliquer l’importance de contrôler les flux migratoires parce que «trop, c’est comme pas assez».

Celui qui promettait autrefois d’«en prendre moins pour en prendre soin» a finalement accueilli beaucoup plus, pour ensuite les présenter comme des menaces pour notre filet social.

Imaginez si, pour exprimer le même problème, le premier ministre nous disait que nous n’avons plus la capacité d’accueillir davantage d’immigrants, que nous suspendons les programmes d’immigration pendant au moins 18 mois, afin de faire un état des lieux et de nous assurer que chaque néo-Québécois puisse contribuer pleinement à notre société et que, pour cela, nous nous engageons à les accueillir dignement. Ce serait un message plus responsable, n’est-ce pas?

Peut-être que le premier ministre ne cherche pas à être responsable, mais à être populaire. Et lorsque critiquer l’immigration devient une stratégie pour gagner en popularité, c’est un signe que quelque chose ne va pas.


#Cest #toujours #faute #des #immigrants

You May Also Like

More From Author

+ There are no comments

Add yours